Yves Philippe de FRANCQUEVILLE ou les prémices d\'une quête existentielle

Yves Philippe de FRANCQUEVILLE ou les prémices d\'une quête existentielle

Qu’est ce que la vérité ?

Notes n° X125, 231 bis & X223 développées et commentées, extraites de la première liasse des écrits de Yves Philippe de FRANCQUEVILLE :

 

 


Plus tu avanceras dans la connaissance plus il faudra te taire !

Qu’est ce que la vérité ?

 

 

Un proverbe ancien, semble-t-il de tradition chinoise et repris probablement par les Turcs, nous affirme :

« Le sage ne dit pas ce qu’il sait, le sot ne sait pas ce qu’il dit ».

Il nous inviterait donc à éviter de nous exprimer devant celles et ceux qui ne sont pas prêts à entendre… et à nous protéger des propos destructeurs des médiocres.

C’est malheureusement une triste réalité ! Notre monde a toujours en son sein des êtres qui sont persuadés de posséder la vérité et qui se plaisent à juger et à condamner — selon leurs critères définis de morales politiques ou religieuses — celles et ceux qui ne pensent pas "pareil."

EURIPIDE allait encore plus loin dans son analyse :

« Le sage a deux langues : l’une pour dire sa vérité, l’autre pour dire ce qui est opportun ».

 

L’idéal est peut-être juste d’être sincère ?

 

Sincère : sans cire, rien que le miel !

« Quand tu lances la flèche de ta vérité trempe la pointe dans du miel ».

Ce proverbe arabe — à connotation terriblement coranique — montre par lui-même le méfait dramatique engendré par la soi-disant nécessité d’affirmer et d’imposer les certitudes d’un instant, d’un maître ou d’un dieu.

Même si l’on adoucit ses propos — même en y ajoutant l’art et la manière — ce que l’homme ose appeler vérité peut tuer…

Elle tue hélas souvent.

Le mot “sincère”, selon certains courants épistémologiques, est probablement issu du latin « sine cere » qui signifie “sans la cire”.

J’aime cette idée que l’on retrouve aussi dans l’origine espagnole de ce mot.

« SINCERE »

C’était la devise sur le blason — ou plutôt le cri — des deux jeunes chevaliers de FRANCQUEVILLE de Cambrais, lorsqu’ils sont allés combattre les Sarrazins, à la troisième croisade, aux côtés des Espagnols et des Portugais. Mes recherches, afin de restaurer le sens familial de cette courte définition, me rapprochent de la ruche. En effet, lorsque l’on extrait le miel stocké par les abeilles — ce vol manifeste qui ne nous culpabilise guère — on emporte avec ce précieux trésor une partie de la cire des alvéoles. Pour obtenir un miel pur il est donc nécessaire de filtrer l’ensemble. Le résidu qui se nomme la « brèche », ou « gâteau de miel » a pour saveurs un mélange de douceur de par le miel et d’âpreté… laquelle est donnée par la cire.

Sincère — sans la cire — voudrait dire alors « juste le miel ».

C’est pour cela que « la sincérité n’est pas la vérité » comme le rappelle Gao XINGJIAN. Dans le mot sincérité ce sont les mots bonté, gentillesse, amabilité, délicatesse et même le mot honnêteté (au sens classique) qui peuvent prendre place, voire même très facilement supplanter le mot terrible de vérité. La bonté dure, la vérité passe : Anatole FRANCE ne lui assure pas plus de 80 années de survie, surtout si elle est scientifique… Cela donne à la sincérité une plus grande légitimité face à toute tentative où l’on souhaiterait imposer la (une) vérité.

 

Rapporté d’un apologue inconnu, puisé parmi de multiples versions pour une source inconnue (via Internet) :

 

« Un homme accourut un jour vers SOCRATE le sage :

— II faut absolument que je te raconte, dit-il, visiblement excité, n’aurais-tu jamais cru cela ? Tu sais, ton ami...

— Arrête ! L'interrompt SOCRATE, as-tu passé ce que tu désires si ardemment me communiquer par les trois passoires ?

— Que veux-tu dire ?

— La première passoire est celle de la vérité : ce que tu as à me dire, est-ce absolument vrai ?

— Je le pense, reprit l'autre, mais enfin, je ne l'ai pas vu de mes propres yeux, c'est une de mes relations, qui me l'a confié sous le sceau du secret que...

— Silence. La deuxième passoire, interrompt à nouveau SOCRATE, c’est celle de la bonté.

Ce que tu vas me dire, est-ce une chose bonne ? Parles-tu en bien de mon ami ?

— Pas précisément, plutôt le contraire.

— Alors passons donc à la troisième passoire. Elle est celle de la nécessité. Est-il absolument indispensable que je sache ce qui semble te mettre en un tel émoi ?

— Indispensable ? Non, pas tout à fait... mais enfin, je pensais...

— Eh bien, mon jeune ami, si ce que tu as à me dire n'est ni indispensable, ni charitable, ni incontestablement vrai, pourquoi alors le colporter ? Efface-le de ta mémoire et discutons sur des propos plus charmants ».

 

SOCRATE a-t-il vraiment proposé ces trois règles ? Peut-être ? Peut-être pas. L’œuvre de PLATON qui nous est parvenue après tant de siècles de copies et de traductions maladroites ou volontairement déformées ne nous offre pas de texte s’y rapprochant vraiment.

C’est très religieux, christique même et légèrement sentencieux. L’apologue semble juste avoir utilisé notre vieux sage pour développer cependant une bonne et sympathique approche de l’écoute et du jugement des valeurs. « On ne prête qu’au riche » aurais-je pu ajouter…

Mais j’aime bien ce petit texte et son étude m’est fort utile dans la construction de mes recherches ternaires sur la philanalyse.

Voilà donc comment je l’ai revisité pour un regard et une attention plus humaniste et moins moraliste :

 

 

Les trois filtres socratiques :

Lorsque l’on communique, il est primordial de s’intéresser au minimum à trois filtres, afin de donner à notre parole des valeurs humanistes. :

 

1. Est-ce une vérité ou pas ?

2. Est-ce opportun ou pas ?

3. Est-ce que cela construit ou pas ?

 

Il est alors primordial d’avoir deux filtres positifs minimum pour agir, en sachant que le troisième peut faire défaut sans mettre à mal la communication.

Un seul ne suffit pas… même si c’est notre vérité !

Un propos peut être faux mais utile et opportun, tout comme un autre peut être vrai, opportun mais habilement destructeur...

Ainsi le monde évolue.

Y a-t-il ici quelques affirmations licencieuses ou maladroites ?

Cela me semble cependant bien loin des accusations retenues par le tribunal d’Athènes pour une condamnation à mort...

Y voyons-nous quelques manières à corrompre la jeunesse ou un rejet des dieux anciens ?

Je ne suis pas juge.

Véracité

Opportunité

Intérêt

Cela doit se construire autour de cette règle de vie qui m’est chère, à travers nos pensées et nos dires, comme pour nos actes qui en dépendent : Ne pas s’abîmer, ne pas abîmer celles ou ceux qui nous sont chers ; grandir à la rencontre de ces autres et si possible, qu’ils grandissent à notre rencontre.

Voici donc un autre regard sur les trois filtres de SOCRATE : les trois passoires sont revisitées !

Lorsque Ponce PILATE demande à Jésus de Nazareth, « qu’est-ce que la vérité »… ce dernier ne répondit pas…

J’aime ce silence face au mot vérité.

Donnons encore la parole à Gao XINGJIAN pour conclure : « la sincérité mène à l’exactitude »…

 

 

 

© Yves Philippe de FRANCQUEVILLE. 

 

 

 

 

 

 

 

Dessin de Franck PASQUALINI réalisé pour illustrer le poème Vérité, extrait du recueil Solitude étrangère écrit par Yves Philippe de FRANCQUEVILLE.

 

Les quatre tableaux qui suivent nous présentent quelques vérités sur ce cep de vigne à travers les saisons pour nous révéler une triste réalité… Il ne donnera plus de raisin… plus de vin alors… mais il saurait toujours nous réchauffer par les flammes !


  Lumière d'automne…

 

 

 

 Couleurs d'hiver…

 

 

 

 Dernier printemps…

 

 

 

 Frima d'été…

 

 Quatre saisons de poèmes écrits par Yves Philippe de FRANCQUEVILLE dans le recueil Solitude étrangère et mis en peinture par Franck PASQUALINI pour révéler une vérité propre à ce cep de vigne !

 


 Auteur : Yves Philippe de Francqueville

 



07/06/2011
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 13 autres membres