Artiste, lève-toi !
Artiste, lève-toi !
I
Il passe et puis s’efface, ombre d’un paysage.
Il se fond, se confond, ne sachant prendre vie
D’une nature infâme en un siècle sans âge.
Il a rejoint la terre, étouffé son envie...
Bien étrange destin de naître pour mourir :
Être un frêle navire emporté par les vents,
Subir le fort courant sans ramer puis périr,
Englouti par la mer, sous les yeux des vivants...
Il est las, il sanglote, accablé de l’opprobre :
Ainsi s’offrent les jours et les nuits du falot.
Rien n’a pu l’éveiller, mais il charge le sobre,
Il maudit l’insensé qui lutte dans tout flot...
II
Oh ! Vous ! Face à ce vil instrument de ma peine,
Êtes-vous des seigneurs, appelés aux combats,
Lorsque le glas vous somme à chercher l’âme vaine,
En prise au désespoir de se trouver si bas ?
Comment se contenter de ces petites morts ?
Aidez-moi ! La victoire est à qui la saisie.
J’oserai dire à l’homme, infirme du remords :
« Ami, force le temps, dévoile l’hérésie !
Demain n’existe pas… hier s’écrit mensonge.
Aujourd’hui semblerait le reflet du trépas,
Mais l’existence humaine est bien autre qu’un songe :
Artiste, lève-toi… trace tes propres pas »!
© Yves Philippe de FRANCQUEVILLE.
(Résine, pâte à bois, encre et acrylique sur carton)
© Franck PASQUALINI pour le poème Artiste lève-toi ! extrait de Solitude étrangère.
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