Yves Philippe de FRANCQUEVILLE ou les prémices d\'une quête existentielle

Yves Philippe de FRANCQUEVILLE ou les prémices d\'une quête existentielle

La découverte de la liberté est insupportable pour un humain ?

 Note N°X243, commentée; extraite de la première liasse des écrits de Yves Philippe de FRANCQUEVILLE :

 

Ce qui semblerait être insupportable chez l’humain : sa découverte de la liberté.

 


 

L’animal, comme la plante, n’a probablement pas encore la conscience d’exister puisque toute sa vie est construite sur la survie de l’espèce.

Devenir humain, ce serait quitter cette angoisse de ne plus être après la mort. La possibilité alors de commencer à chercher le plaisir dans son existence propre.

Avoir peur de mourir est certainement une sage attitude. La peur du vide, celle du noir ou autres angoisses créées par l’inconnu nous construisent en êtres responsables et attentifs, prudents et respectueux de l’autre et de la nature…

Le problème c’est d’avoir peur de nos peurs…

Si j’ai peur du noir face à l’épreuve, je vais sagement prendre une lampe et un bâton pour traverser le petit bois, évitant ainsi de tomber sur une pierre ou de me cogner la tête… Alors que ma peur de la peur du noir va me figer dans un immobilisme désespérant, me rendant incapable de me déplacer.

La peur de mourir est tout à fait légitime avant de monter dans un avion poubelle ou d’être poussé dans un train vers Auschwitz… Mais la peur de ma peur m’entraîne, me fige, me force à obéir, à laisser faire, à céder face à l’ordre, le conseil, la certitude… devant la vérité établie, étatique !

 

Croire simplement en la justice…

L’homme doit donc se libérer de la peur de ses peurs et principalement de celle de mourir pour trouver la force de se révolter, de dire non, d’agir pour le meilleur de lui-même.

Perdre la vie est un fait… encore est-il nécessaire de l’avoir gagnée !

Si peu d’humains ont réussi à s’extraire de la généalogie de la morale… à jaillir hors des constructions sociétales nous invitant à rester surtout au stade animal !

Il est finalement primordial de ne pas évoluer comme nous le conseille fortement Jean de La FONTAINE dans sa fable La Cigale et la Fourmi. Quel magnifique plaidoyer pour le « travailler plus pour gagner plus » de Nicolas SARKOZY de NAGY-BOSCA.

Non… Une cigale a son sens dans le chant de l’été… pour une sieste au soleil, une bonne boisson anisée…

Ah, peut-être que le chant des cigales dérange les fourmis au travail ?

Ah, comme nous sommes bien conseillés d’être fourmis, utiles pour la fourmilière…

Non et non…

Pourquoi la fourmi travaillerait-elle pour engraisser cette vilaine cigale qui jouit du farniente ?

Voilà la bonne morale bourgeoise et religieuse en marche pour maudire cet insecte paresseux… qui veut certainement vivre au crochet des honnêtes gens !

Eh oui, notre société n’aime pas voir les êtres heureux, profitant d’un soleil qui brille pour celui qui sait en apprécier la valeur.

Il faut beaucoup d’audace pour quitter l’emprisonnement d’une morale afin de découvrir la liberté à travers le sens des valeurs dans une construction axiologique. Cf. Proposition pour une nouvelle axiologie de Cyril ARNAUD ;

Sur un site de qualité parlant de la Cigale — en un clic — l’on peut enfin apprendre que cet insecte est un petit être très courageux et travailleur pendant un long moment de son existence, avec cependant une évolution certaine car elle semble avoir découvert le plaisir du chant… avant de mourir ! Un jour peut-être, un poète rendra justice à la cigale en révélant le jugement inique qui a fait le tour de la terre depuis tant de temps parce qu'un célèbre fabuliste était aussi un ignorant. Même une fable exige un travail de recherche pour ne pas induire en erreur le lecteur. S'il avait lu les animaux d'ARISTOTE, la cigale n'aurait pas été accusée de la sorte. C'est une grande dame, contrairement à la fourmi qui reste juste pion « indispensable de la fourmilière » le temps de son existence… Après, une fois morte et dévorée par ses congénères, cette grande travailleuse, sans avoir pu comprendre le plaisir de jouir… sera remplacée très vite et oubliée.

C’est la vie, comme dans notre société lorsque l’on fait mémoire aux dizaines de milliers de forçats de la mine qui se sont tués à la tâche ! Aujourd’hui, les mines sont épuisées… et les petits enfants de mineurs cherchent d’autres usines où ils pourront être esclaves dociles… au smic…

Oui, un président de la République c’est certainement indispensable… dans une république, comme une reine l’est dans sa ruche… mais comme il est vite — à la fin de son mandat — effacé des mémoires. Qui se souvient de feu Georges POMPIDOU ?

Un poète à ses heures de liberté ?

Pour GISCARD, (l’Immortel qui ne sait pas trop quoi écrire), ce monsieur a même réussi à se faire oublier de son vivant !

Non, l’être évolué… l’humain à la recherche de la liberté, de la justice, ne trouve pas de réel sens à abandonner sa capacité au choix en donnant à un autre le droit de décider pour lui !

Que l’on cède sa liberté de penser et d’agir à un autre par des élections ou par peur, c’est toujours un acte de faiblesse et de lâcheté.

Celui qui prend le pouvoir — ou se persuade qu’il l’a reçu par les urnes ou son dieu — règne alors sur un peuple de moutons lui devant obéissance et fidélité : un peuple de fourmis ou de termites, prêt à aller se faire étriper dans des guerres ou s’user au fond des mines… parfois juste trimer ou s’ennuyer en usine ou au bureau afin que « la machine société » consomme bien !

Mais Georg W. F. HEGEL, dans la dialectique du maître et de l’esclave révèle bien les propos de PLATON contrés par ceux qui ont probablement réécrit ARISTOTE pour créer un dualisme de fortune. HEGEL ne semble pas se tromper : celui qui pense avoir un pouvoir est aussi esclave de sa chose… L’on peut juste souhaiter dominer en raison d’une multitude de frustrations, de complexes, physiques ou autres… Napoléon BONAPARTE était complexé par sa petite taille, et par ses origines modestes de petite noblesse corse… Il a fait école !

Pourquoi donc la majorité des hommes et des femmes stagne encore au stade animal ?

Peut-être par manque cruel du sens de l’effort libre… une perte totale de la volonté, du désir, de la quête. La société s’efforce aussi à empêcher le droit à la connaissance et au beau en nous construisant des plaisirs artificiels et stérilisant par les écrans et la malbouffe. L’humain semble incapable de prendre une initiative sans y être invité, forcé, supplié…

L’humain est un dodo en puissance ! Il court à sa perte en perdant l’espoir de voler !

D’où viendrait cette faiblesse ?

Peut-être donc en raison des peurs de ses peurs canalisées par des tyrans… ce que Friedrich NIETZSCHE développe brillamment  dans La Généalogie de la Morale, et dans Ainsi parlait Zarathoustra. L’homme est affaibli par les peurs de ses peurs, construites habillement par les systèmes religieux et politiques. La vie sur Terre serait le passage de souffrances nécessaire à la vie future… Les autorités légitimes sont nos bons geôliers qui veillent à nous préserver des fautes et nous châtier si besoin, afin de nous aider à mériter le bonheur ... plus tard.

Le principe de la vérité religieuse et politique est d’imposer à l’homme des contraintes et des interdits — avec les sanctions réglementaires — de son vivant pour lui offrir la certitude d’une immortalité future.

Certains humains se contentent juste de souffrir en travaillant pensant obtenir en paradis prochain une retraite méritée qui s’achèvera avec Alzheimer dans un mouroir !

C’est une extraordinaire suite de tricherie sociétale qui emprisonne les hommes.

Oui, la peur est l’arme absolue du tyran. C’est une arme de destruction massive de toutes tentatives de liberté !

La peur de la peur de mourir… Le paroxysme de nos peurs… et Roger LELOUP nous le résume superbement ainsi de la bouche de son héroïne Yoko : « les hommes se donnent des dieux pour se rassurer puis leur inventent des légendes pour se faire peur ». Cf. La spirale du temps.

Nous allons tous mourir un jour !

Et si nous commencions à vivre ?

Libérons-nous petit à petit de la peur de nos peurs et nous serions peut-être prêts pour devenir, étape par étape, des non-aristotéliciens.

Cf. Introduction à la sémantique générale d’Alfred KORZYBSKI.

Ce n’est pas un plaidoyer contre ARISTOTE.

Au fur et à mesure de mes recherches, j’ai pris conscience que ce monsieur — ce probablement sympathique philosophe de l’antiquité grecque — avait donné malgré lui son nom à une notion dont il semble être davantage victime plutôt que responsable.

Hélas, qui peut aujourd’hui prétendre avoir lu ARISTOTE ?

Personne malheureusement, en raison de la censure et de la dictature des copistes et traducteurs à la solde des civilisations successives. ARISTOTE — revisité — est devenu le pion de référence pour la construction des religions « aux livres », et des lois étatiques.

Alors ce non-aristotélicisme, — cette théorie du Ā — se veut juste expliqué dans sa notion de refus simple du système binaire, principe même de notre monde actuel : les Ā pensent que le bien et le mal n’existent pas sous cette forme dualiste si chère à SAINT-AUGUSTIN !

Dans la saga intergalactique de Alfred E. Van VOGT, Le Monde des Ā, c’est formidable de voir cette machine titanesque se poser quelque temps sur Terre pour rencontrer les humains ayant évolués vers le principe non-aristotélicien. Mais la solution au final de son œuvre se révèle douloureuse : pas de planète où il fait bon vivre loin des lois, de leurs tyrans et des moutons qui suivent… Non, le bonheur d’être libre doit se construire au sein même des mondes non évolués.

Mais celle ou celui qui ose se questionner sur d'autres possibilités de vivre bien, ou plutôt de vivre mieux sera condamné comme hérétique… pire comme charlatan si ses idées sont jugées dangereuses pour la paix établie…

 

Le peuple hébreux il y a quelque millénaire — un peu perdu au milieu de sa quête de liberté — s'est donné un dieu puis des interdits, des commandements et des articles de lois pour toujours mieux obéir. Les grands prètres ne suffisant pas, il y eu le temps des juges qui se sont révélés iniques. Comme il voulait plus de justice dans son gouvernement… il a chassé les juges pour préférer des rois… La liberté s'est davantage éloignée et encore aujourd'hui, c'est la peur et la guerre qui mènent ce peuple.

La liberté, c’est le plaisir interdit de souffler un instant, de rire, de partager et d’aimer… en discrétion… sans être tué à vue par les garants de l’autorité. Cf. à la poursuite des Slans, du même auteur.

Cf. Comme une abeille hors de sa ruche…, de Yves Philippe de FRANCQUEVILLE.

C’est merveilleux de voir des êtres devenir enfin libres d’agir de manière constructrice avec le plaisir de grandir vers l’idée du beau sans avoir besoin de se faire violence, d’être obligés ou soudoyés…

L’idée qu’il puisse y avoir des espaces de respiration partout doit nous inviter à en construire d’autres… 

Cf. La T.A.Z. : La Zone Autonome Temporaire d’Hakim BEY.

Alors oui, libérés de nos peurs de nos peurs, nous voici face à la liberté qui se présente.

Nous sommes capable de commencer à jouir de l’instant présent.

Il se développe enfin devant nous l’art du choix.

Le choix !

Ce qui semble le plus redouté par l’animal selon ARISTOTE (probablement bien dans les idées de l’originel) ou chez Jean de BURIDAN…

L’âne de BURIDAN meurt à la fois de faim et de soif, faute de n’avoir pu choisir.

Baruch SPINOZA, comme ARISTOTE avant lui, s’étaient aussi posé la question sur l’action d’un homme mis dans une situation similaire à l’âne, face au choix ! Hésitation réelle… pas vraiment de réponse si ce n’est l’espoir de voir jaillir en l’homme un acte arbitraire…

Oh ! L’homme ne doit pas agir ainsi… c’est pêcher que de ne pas écouter l’autorité. Il semble donc préférable que l’homme, comme l’âne, périsse de faim et de soif si l’on ne lui a pas dit ce qu’il faut faire.

Ah, la « liberté d’indifférence » est une doctrine interdite… elle fut rejetée sagement par Thomas d’ACQUIN.

L’homme sage et obéissant doit se référer à son dieu ou à son maître pour prendre une décision.

Le jour des vendanges est décidé par le seigneur ! Comme le changement d’heure dans notre République.

Il n’y a pas d’autre intérêt que celui de la nation qui prime.

Dans une ruche c’est la reine qui décide du sort de chacune des abeilles.

Notre société aristotélicienne tend elle aussi à la perfection pour que chaque sujet de sa majesté puisse être heureux en obéissant. Le libre-arbitre n’est pas supportable pour beaucoup. Recevoir un ordre est finalement plus facile à gérer que de décider par soi-même. Un bon conditionnement permet la prospérité d’une fourmilière ou d’un état démocratique.

Risible et dramatique aussi, fut la reprise en jeu télévisuel (le jeu de la mort) truqué (comme tous), du remarquable film I comme Icarel’expérience de Milgram est bien relatée.

Tant que l’autorité semble légitime, il y aura toujours celui qui — parce qu’il faut obéir — mettra les juifs, les homos, ou les intellectuels dans les wagons et celui qui — parce qu’on le lui a demandé et qu’il faut bien nourrir sa famille — conduira la locomotive…

Feu le président de la République française Charles De GAULLE — qui savait porter l’uniforme pour parler à la foule comme d’autres chefs d’états de Cuba, de Corée et autres pays dirigés par des soldats — aimait à dire que « les Français sont des veaux » comme a su le dire à sa manière feu Georges FRÊCHE, du Languedoc-Roussillon, parlant de ses électeurs avec le « j’ai toujours été élu par une majorité de cons ». FRÊCHE éliminait simplement de l'échiquier politique les pions génants, De GAULLE — selon son sens aigu de la justice — les faisait fusillier !

Est-ce qu’il y a finalement des humains sur cette petite planète ?

 

DIOGÈNE n'a pas achevé sa ballade à travers le temps et l'espace à la recherche d'un homme.

La liberté semble ce que nous redoutons le plus : penser par soi-même et agir sans contraintes…

N’est-ce pas surhumain que de la désirer ?

Cf . Petites réflexions concrètes sur l’inexistence de l’être humain, de Yves Philippe de FRANCQUEVILLE.

 

 

 

© Yves Philippe de FRANCQUEVILLE.

 

 

 

 

(Acrylique et encre,  collage sur contre cartonné)

 

 © Deux versions de la PEUR par Franck PASQUALINI

pour le poème Vivre jour après jour…

extrait du recueil Solitude étrangère

et de la pièce de théâtre Notre sauveur,

écrits de Yves Philippe de FRANCQUEVILLE.

 

 

Auteur : Yves Philippe de Francqueville



08/02/2011
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